samedi 20 septembre 2008
Yann Venner romancier
Les trois premiers livres parus de Yann Venner
PARUTION D’UN NOUVEAU ROMAN NOIR
Yann VENNER publie aux éditions LE CORMORAN, distribué par COOP-BREIZH, « LUMIERE POUR LES OUBLIES », 15 euros, 310 pages.
Sombre enquête en Bretagne dans le milieu des sans-papiers.
L'auteur remercie le Collectif de Soutien aux Personnes Sans-Papiers de Lannion, et tout particulièrement Eric Audrain et Philippe Vital (sans oublier tous les adhérents et sympathisants), sans lesquels ce roman n'aurait jamais vu le jour.
Quand la fiction s'adosse à l'Histoire contemporaine, une certaine vérité éclaire alors notre monde.
« La langue française actuelle est exactement comme la France de nos jours, qui ferme ses frontières, devenue peureuse, tournée sur elle-même.»
Driss Chraïbi (1926-2007)
POSTFACE
« La liberté de circulation n'est pas encore reconnue comme un droit universel pour les personnes qui quittent leur pays pour des raisons économiques, politiques, climatiques ou tout simplement pour tenter leur chance ailleurs.
Sur tous les continents, on observe ce phénomène de rejet, de racisme ou de violences qui prennent pour cible ceux qui semblent tirer parti des ouvertures internationales qu'offre la mondialisation. Les arguments sécuritaires, la transformation en bouc émissaire de ceux que l'on nomme abusivement « clandestins », les inquiétudes en matière de préservation des acquis sociaux, les enjeux identitaires, sont tous des thèmes qui alimentent les discours politiques et les imaginaires sociaux quand on aborde la question des migrations. »
Ce roman ne tente pas de poser ces questions et d'y répondre. Il est une tentative d'écriture de l'histoire du temps présent, écriture ayant pour trame une narration fictive et pour fil rouge le dialogue inter-culturel.
Loin des artifices de la littérature engagée, loin d'un « choc des cultures » - expression assénée à tort et à travers - l'auteur souhaite que le principal héros de ce livre soit le langage, rien que le langage - la langue propre d' un écrivain.
Yann Venner
AVRIL 2009
Yann Venner
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7 commentaires:
yann Venner a deux blogs :
http://venneryann.over-blog.fr/
http://yann-venner.blogpost.com/
adresse mail :
venneryann@orange.fr
venneryann@hotmail.fr
adresse postale : Yann Venner 16 rue de Trozoul 22560 TREBEURDEN
0296236934 ou bien 0632296619
Merci à mon ami Michel DOZSA qui essaie de remonter aux polars des années soixante, à la recherche d'auteurs plus ou moin oubliés. Interviews à venir, enquêtes, contre-enquêtes, tout un chemin de rencontres dans le passé et le présent...
ALLER SIMPLE POUR TRELOUZIC
ROMAN DE Yann VENNER
Editions de l'ECIR, distribué par De Boree, 20 euros
Enquête généalogique en eaux troubles, humour noir et sinistres découvertes dans un petit port breton.
Ce roman se passe en partie à Plouaret, Le Vieux Marché, Lannion, Rennes et bien sûr Trélouzic, village imaginaire du Trégor.
À la recherche de ses ancêtres bretons, une jeune chanteuse canadienne débarque à Trélouzic, petit port des Côtes-d’Armor. Elle y rencontre Fanch Bugalez, marin pêcheur reconverti dans la promenade en mer pour touristes, et son meilleur ami Eugène Cabioch, dit la Brebis. Elle ne tarde pas à « tomber » dans les filets amoureux du marin. Avec l’aide de Fanch et d’Eugène, l’enquêtrice ingénue parviendra-t-elle à déchiffrer la sombre partition du destin de sa famille aux prises avec l’Histoire ? Rien n’est moins sûr… Car ce qui n’était à l’origine pour elle qu’une banale et innocente recherche généalogique se transforme en enquête semée d’embûches… et de cadavres !
Après Black Trélouzic publié en octobre 2005, Yann Venner nous entraîne une fois encore dans un décor de carte postale aux coulisses dangereuses : Trélouzic, joli port avec ses bateaux, ses marins… et ses cadavres. Un polar réjouissant avec des personnages du cru et un humour décapant !
Yann Venner est aujourd’hui enseignant à Trébeurden, en Bretagne, et profite de son temps libre pour écrire. « C’est pour moi un moyen de m’indigner sans me résigner face à la misère, face au système économique, face au pouvoir de l’Histoire avec sa grande hache »
On l’a compris : Yann Venner a plutôt tendance à défendre l’opprimé que l’opprimant, le petit que le grand, la brebis galeuse que le loup.
Fidèle lecteur de Frédéric Dard et admirateur d’Audiard, ce n’est donc pas un hasard s’il se frotte et se pique désormais au roman noir…
Aller simple pour Trélouzic fait suite à la trilogie BLACK TRELOUZIC, édité en 2005 chez Horizona & CO
[1] Excellent roman, drôle, comique, poétique avec des...
par jakez le 12/01/2007 à 15h26
Excellent roman, drôle, comique, poétique avec des personnages cocasses ! cela nous change un peu du polar classique, dit polar breton ! Lisez aussi Black trélouzic, le premier de la série, vous ne serez pas déçu !
[2] Si vous aimez rire, frissonner et lire des dialogu...
par maella le 12/01/2007 à 15h27
Si vous aimez rire, frissonner et lire des dialogues de gendarmes allumés, n'hésitez pas ! Visitez trélouzic, vous n'en reviendrez pas ! C'est à la fois du polar et du roman comique !
[3] Un coup de vent dans le polar breton ! Qualité d'é...
par joëlle le 27/04/2007 à 22h17
Un coup de vent dans le polar breton ! Qualité d'écriture, poésie et suspens font de ce roman atypique une nouveauté dans le paysage littéraire.
[4] On attend une suite ! Encore plus noire, ça s'rait...
par alanig le 27/04/2007 à 22h19
On attend une suite ! Encore plus noire, ça s'rait mieux ! Bravo pour vos deux premiers romans !
Excellent polar qui change un peu des niaiseries carte postale de Bretagne ; on y rit, on se marre, et il y a de belles trouvailles. merci
[13] j'ai acheté ce roman à Rennes, et je l'ai trouvé t...
par calculot le 20/08/2008 à 18h12
j'ai acheté ce roman à Rennes, et je l'ai trouvé très original. Il en faut pour tous les goûts. J'avais déjà apprécié le premier, BLACK TRELOUZIC. Les dialogues sont super ! Et les gendarmes : indescriptibles ! Précipitez-vous !
[14] J'aime les romans bretons car ils me font voyager....
par katioucha le 25/08/2008 à 09h26
J'aime les romans bretons car ils me font voyager. Je suis en train d'écrire un polar dans la série du Poulpe qui se passe à Saint-Malo, un autre à Rennes , car j'ai de la famille dans ces deux villes et j'y viens souvent. A biento^t Mme Marino JURET
[15] Du bon polar vivant, plein de joie de vivre ! Qui ...
par tagger le 05/09/2008 à 08h23
Du bon polar vivant, plein de joie de vivre ! Qui dira encore que les Bretons sont bêtes ? Cette histoire dépasse allégrement et brillamment les frontières bêtement régionalistes, voire nationalistes. Un roman en verve, qui chante et enchante. 16 sur 20 ! Bravo l'instit !
[16] En couverture, l'île de Bréhat, vue de la chapelle...
par Charles le 13/09/2008 à 09h10
En couverture, l'île de Bréhat, vue de la chapelle St Michel. Une très belle histoire, avec ses poèmes, ses chansons, son humour et son humanisme sincère. Une Bretagne multicolore et socialement bien vue. J'ai aimé le style, les personnages libertaires, leur joie de vivre malgré les crimes qui plombent Trélouzic, ce lieu imaginaire vers Lannion. Note : 17/20
[17] Suite de Black Trélouzic, je trouve ce polar plus ...
par Marie de Brest le 17/09/2008 à 21h02
Suite de Black Trélouzic, je trouve ce polar plus abouti et surtout mieux construit. On y rêve, on cherche l'assassin, et le final est super ! J'en redemande... A lire en toute bonne foi !
Black Trelouzic, Yann Venner
Ce roman noir et multicolore qui se déroule sur trois périodes (1990-1996-2000) a pour cadre un village imaginaire du Trégor : TRELOUZIC. Il s'agit d'une trilogie bretonne.
Un tueur abject, nommé Marcel Quebir, symbole de nos peurs et de nos interdits ? (Roman primeur)
Un pays, l'Algérie, une femme, blessée à mort par les guerriers de l'ombre, les terroristes. (Roman mémoire)
La dure loi des hommes confrontés à leurs vieux démons : la violence et la vengeance. (Roman salin)
Au milieu de la fureur de l'indicible, les lecteurs auront la surprise de découvrir l'humanisme, la poésie, la cocasserie et les rêves de certains personnages. Celui de Fanch BUGALEZ, le marin pêcheur qui affronte, avec son vieil ami de toujours, des lois qui le dépassent. Quant aux lecteurs qui auraient la prétention de se reconnaître, de reconnaître quelqu'un ou un paysage, qu'ils se méfient. Le réel est une ruse de l'imaginaire...
Trilogie en un sul volume de YANN VENNER, édité en avril 2006
[1] Ce roman noir et multicolore vous fera découvrir u...
par yarniche le 13/01/2007 à 17h57
Ce roman noir et multicolore vous fera découvrir une autre Bretagne, avec son village imaginaire en Trégor, ses dialogues à la Audiard, ses gendarmes grotesques... C'est une trilogie complète, c'est dire que vous avez trois courts romans dans le même ouvrage, avec des personnages récurrents, sauf ceux qui meurent en cours de roure bien entendu ! Un roman à découvrir dans toutes les librairies !
[2] Découvrez Marcel Québir ! tueur affreux qui n'est ...
par marina le 13/01/2007 à 18h00
Découvrez Marcel Québir ! tueur affreux qui n'est pas né le 3 juillet 1940 ! Découvrez Fanch Bugalez et La Brebis, deux compères libertaires qui aiment le bistrot et la vie, découvrez le noir et le cocasse, le sublime et le grotesque ! 3 histoires dans le même ouvrage, ça sort de l'ordinaire ! En Trégor, on en rit encore !
[3] Une trilogie complète à découvrir... Une suite qui...
par michou le 13/01/2007 à 18h03
Une trilogie complète à découvrir... Une suite qui s'appelle Aller simple pour Trélouzic vient de sortir chez DE BOR2EE éditions de l'ECIR... avec en couverture l'île de Bréhat ! Un roman entre Bretagne et Canada, avec une chanteyse pulpeuse et ingénue... De quoi rire et frissonner... UNe suite paraîtra sous peu... toujours avec Fanch Bugalez, La Brebis, Gwendoline et UN INDIEN ! Dans le milieu du foot à Guingamp !
[4] LA DISPARUE DE GUINGAMP sortira en octobre 2007. ...
par confidence le 22/05/2007 à 11h20
LA DISPARUE DE GUINGAMP sortira en octobre 2007. Ce sera du noir bien serré, avec un psychopathe et la fille d'un gendarme... Entre Guingamp et Trélouzic, il y aura du sport : du foot, des blagues et un final hallucinant ! Un vrai tour de cochon ! De quoi avoir les cheveux qui se dresseront sur vos têtes ! Editions de L'ECIR, distribué par DE BOREE
[5] uN ROMAN ORIGINAL QUI RACONTE " HISTOIRES à SUIVRE...
par pauline le 09/09/2008 à 18h49
uN ROMAN ORIGINAL QUI RACONTE " HISTOIRES à SUIVRE;;; polar universel et pas "breton " du tout, car ça parle de la guerre d'Algérie, de la nature humaine, de noirceur et de douceur. J'ai bien aimé et je vais acheté la suite. 14 sur 20
[6] ma femme me l'a prété et nous sommes d'accord ; c'...
par hervig le 09/09/2008 à 18h52
ma femme me l'a prété et nous sommes d'accord ; c'est un livre qui sort de la littérature que l'on connaît. J'aime les héros qui parlent de la vie simple et complexe, de la guerre, des problèmes sociaux, sans se prendre la tête. Les gendarmes sont bien vus, si on peut dire... Un très bon divertissement qui change des bretonneries. 15 sur 20
[7] Une découverte intéressante, avec ce roman origina...
par Charles le 13/09/2008 à 09h07
Une découverte intéressante, avec ce roman original dont la couverture annonce trois histoires, trois agents noirs, doubles, secrets. Joli bronze de Fanch VENNER, sculpteur à Mael Carhaix. J'ai lu avec beaucoup d'intérêt ce roman noir qui entame une saga bretonne pleine de drolerie et de frissons. Note : 16/20
[8] Triple histoire avec un mot-croisé en plus ! Falla...
par Irène le 17/09/2008 à 21h00
Triple histoire avec un mot-croisé en plus ! Fallait oser ! J'aime bien la faconde d'Eugène Cabioch dit La Brebis, le personnage de Fanch Bugalez, beau marin pêcheur au verbe haut. Stereden, le flic, est impayable ! Vraiment une réussite, ce polar d'un briochin en verve.
En librairie, 18 euros, éditions de l'ECIR, distribué par De Borée
L’homme qui venait du passé.
Denoël 2004 200 p. ISBN 2207245888.
L’inspecteur Ali n’est jamais pressé, même quand la sécurité du monde est en jeu. A fortiori quand (...)
Le monde à coté.
224 pages sous couv. ill., 108 x 178 mm. (...)
Le Monde à côté mérite bien son titre : c’est un roman autobiographique déjanté, chargé d’éclats de (...)Portrait de Driss Chraïbi
par Yann Venner
envoyer par mail à un ami Version imprimable
Driss Chraibi, figure de la littérature marocaine, est mort dimanche 1er avril 2007 à l’âge de 80 ans, a annoncé lundi l’agence de presse marocaine. Bibliosurf vous invite à lire un article écrit il y a quelques année par Yann Venner.
L’inspecteur ALI au miroir de l’Autre
Du "connais-toi toi-même" à l’intersubjectivité
Du JE(U) au NOUS
Le roman policier alter-natif
De l’écriture de la révolte à l’écriture jubilatoire
Tous ces titres pour annoncer une enquête, entre-eaux-les-lignes, troubl(é)es par le rire, le réel et l’imaginaire.
Nous allons étudier comment Driss Chraïbi se sert d’un narrateur, héros perspicace et facétieux, pour mieux dénouer nos certitudes, mettre à terre le crime et dénoncer les travers individuels ou collectifs de nos sociétés respectives, occidentales ou dites orientales. Nous verrons aussi comment la double culture, la bilangue et les discours hétéroglosses perturbent, servent ou relancent la diégèse, dans un joyeux carnaval où le sérieux fréquente le grotesque, où le rire déjoue les faux semblants, et où les jeux de miroir entraînent le lecteur dans une spirale théâtralisée, grotesque et joyeuse.
Plusieurs titres nous serviront d’étais
- L’inspecteur Ali Denoël 1991
- Une place au soleil Denoël 1993
- L’inspecteur Ali à Trinity College Denoël 1996
- L’inspecteur Ali et la C.I.A. Denoël 1997
L’intrigue policière proposée par Chraïbi est à la fois une enquête sur l’autre et une rencontre de soi-même. Cousin de Columbo, mal fagoté, d’allure "plouc" ou bêtasse, cousin ou frère de Renart, le héros libertaire et cruel du roman de Renart au XII siècle, l’inspecteur Ali est un grand échalas, maigre comme un matou oublié dans un grenier. Sorte de marginal, bien qu’inspecteur de la Police Royale Marocaine, Ali navigue entre les langues et entre les cultures, à l’aise comme un poisson qui aurait des ailes et un flair instinctif. C’est une sorte de Poulpe, ou de Charlot aussi, qui sait être tendre, romantique et surtout amoureux des fleurs, des femmes et de la vie. Le rire populaire d’Ali, raconteur d’histoires drôles, Ali prénom du gendre du Prophète, fils d’un gardien de four public, est à la fois rabelaisien, san-antonionesque, et surtout fédérateur, appelant à la paix des coeurs et à l’abolition des nations, de leurs civilisations dévoyées et rongées par l’Histoire et ses Dieux, ces maux absolus.
Chraïbi utilise le terme de polar marrant, voire déconnant, pour rompre - à une certaine époque - avec l’image d’une littérature maghrébine en train de s’essouffler dans une quête de revendication identitaire, soit trop tournée vers elle-même, le solipsisme natif, soit adossée à l’Histoire ou au tragique permanent, ce qui peut finir par lasser. Il ne souhaite pas bien sûr, la mort de ses collègues d’écriture, mais se veut le pourfendeur des vieilles idées qui sont le chancre de l’humanité.
"
Chraïbi est un rebelle qui rame à contre-courant et qui ne tient compte ni des honneurs surfaits, ni de l’establishment. Lui aussi bien sûr a parlé haut et fort à travers plusieurs romans, en dénonçant le patriarcat, les excès d’une religion dévoyée, la misère des femmes et les abus de pouvoir, la terreur exercée au nom du Dieu argent. Lui aussi a su utiliser cette "violence du texte", cette stratégie d’écriture qui fait voler en éclats les dogmes et l’hypocrisie, le racisme et l’intolérance, mais ce changement de cap - cap d’espérance et non plus de désespérance pour la littérature dite maghrébine - apporte un vent de fraîcheur et de quasi naïveté. Un peu comme la naissance d’un nouvel enfant, un peu comme "une naissance à l’aube", titre d’un de ses romans.
Il appartient aussi à l’écrivain né à El DJADIDA, La Neuve, de renouveler le genre romanesque, qu’il soit policier ou non. Dans l’esprit musulman, il me semble aussi de bon ton de réactiver le passé au miroir du présent, de n’être pas soumis à Dieu comme un prisonnier du mektoub figé et stérile, mais de relire le texte sacré comme une renaissance, une découverte à chaque lecture.
La ruse va donc jouer une grande place dans les enquêtes menées par l’inspecteur Ali. Moteur de l’action et du suspens, miroir tendu à l’autre, mais miroir déformant, la ruse est le grain de sable qui agace, elle est la figure du doute permanent qui voile et dévoile, la ruse va user et abuser le coupable et quelquefois même le lecteur.
Le jeu de miroir, les effets dialectiques du langage, vont créer un doute, mais un doute fécond.
" Un miroir était accroché au-dessus de l’évier. Sourcils froncés, mostache taillée en brosse à dents, bouche ouverte, qui était ce type qui le fixait comme un suspect dans un commissariat ? Tous deux éclatèrent de rire."
Qui suis-je ? qui est l’autre ?
Le polar, la littérature policière offre un contact faste avec la réalité d’autres cultures. Le polar est l’un des rares et précieux moyens pour le sujet de sortir de son solipsisme natif, de pénétrer dans ce qui est par définition impénétrable : la conscience d’autrui telle qu’elle reconstruite imaginativement dans les textes littéraires. Ce désir d’entrer dans la conscience de l’autre, que la vie quotidienne nous refuse, la littérature nous le donne. J’ai accès à l’altérité et cet accès me permet de revenir sur moi-même dans de meilleures conditions.
Il faut aussi remarquer que par le passé, dans la littérature dite maghrébine, la place du JE, de la première personne n’était quasiment jamais autorisée, comme s’il fallait toujours parler au nom de la collectivité ou de la tribu. L’écriture ne permettait pas au sujet d’advenir, ni de se mettre en scène.
Lire P.138 Une place au soleil.
Le thème du doute, de la suspicion, le fait d’être suspect à soi-même, mettent le narrateur dans une position très inconfortable. Ici, pas de narrateur omniscient et sûr de lui, pas de vérité toute faite. Chacun semble coupable de quelque chose, chaque personnage est plus ou moins douteux.
L’inspecteur Ali porte un regard lucide sur lui-même et cette lucidité s’appelle le soupçon. Il est en face de l’autre comme en un miroir, à la fois étranger à lui-même, de par sa double culture peut-être, et solitaire parmi la foule. Orphelin, déterritorialisé, désoccidentalisé, désorientalisé, le fils du gardien d’un four public ne peut s’en sortir que par la farce et le rire. Sorte de héros prométhéen, Ali semble initié, de par sa bilangue et sa double culture, de par sa force métissée.
Il a volé le feu aux dieux, il fait éclater les tabous et réveille les consciences endormies. Mais à l’inverse de Prométhée, sa démesure, son hubris, n’est pas tristement prométhéenne, car sa démesure est joyeuse, iconoclaste, faite pour le rire plus que les larmes.
L’enquête policière oscille et bascule toujours entre hilarité et drame. Des histoires drôles, dignes des fois de l’almanach Vermot viennent illustrer un propos , apportent une bouffée d’air frais dans le récit, non pas pour détendre l’atmosphère de façon inopinée, mais simplement pour caviarder un récit trop savant ou abscons, comme si Chraïbi n’avait pas peur de se moquer de lui-même. Ce clin d’oeil au lecteur pour dire" je suis en train d’écrire, mais je n’ai pas la grosse tête, mon héros est populaire et doit le rester, pas de roman à thèse ici, pas de roman à clefs" comme il est dit dans le paratexte de l’Inspecteur Ali.
Chraïbi sait où il va quand il écrit car il commence toujours par la fin, il connaît la fin de l’histoire avant nous, et son intrigue progresse inéluctablement vers cette fin, même si pour y arriver il utilise tous les outils d’une écriture moderne ou postmoderne : digressions, ruptures de style (du savant au grotesque), ellipses narratives, dialogues à l’emporte-pièce, connivence avec le lecteur, micro-récits dans le récit, extraits de presse, collages, définitions de mots croisés ;; ;etc...
Tout cet attirail littéraire, ces stratégies d’écriture pour parler bien, lui permettent de bricoler dans l’incurable, incurable synonyme du verbe vivre comme disait Cioran... mais il est mort d’ailleurs, ajouterait le narrateur. Vivre donc, mais avec jubilation, sans assommer le lecteur avec " la souffrance d’écrire, de l’enjeu politique des nations," sans asséner haut et fort que le Moi souffre, que c’est bientôt la fin de tout.
Chraïbi écrit donc ses histoires en remontant le temps, en prenant le temps à rebrousse-poil, et par la même occasion la grande Histoire, celle avec sa grande hache, comme disait Georges Pérec. "Il est mort lui aussi d’ailleurs" ;
Aucune théorie littéraire, aucun dogme semble nous dire l’inspecteur Ali. "Prenez du bon temps, celui de me lire et si chacun est condamné à écouter, à lire une histoire, une enquête, pitié, rions ensemble" !
Ali ! faites nous rire et faites les taire, ces acteurs médiocres, ces barbus de pacotille, ces intégristes de toutes les religions, ces sorbonnards qui ne valent pas mieux qu’un âne.
Ali est comme l’âne, un portefaix de nos douleurs, un montreur d’ombre et de lumière, mais c’est un âne heureux, qui croit en l’Homme, et non un homme savant et malheureux qui croit connaître l’âne parce qu’il est sur son dos et qu’il croit braire mieux que lui !
Tous ces propos ont besoin d’être étayés par des citations, des marocanismes, des exemples de diglossie, d’alternances codiques, et la place me manque...
A vous de lire et bonnes enquêtes !
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3 chroniques
Portrait de Driss Chraïbi
3 avril 2007 17:12
par Venner Yann ( 2 chroniques )
En relisant cet article avec Driss, on avait bu un bon vin de Bordeaux, à la santé de Mohamed Choukri et de quelques autres qui restent des écrivains essentiels et iconoclastes. Toutes mes pensées vont à sa femme Sheena et à ses enfants qui sont devenus des amis très chers. Qu’ils soient ici remerciés pour m’avoir reçu, hébergé et nourri... Quand Driss est venu chez moi à Trébeurden terminer son roman l’Homme qui venait du passé, il tapait sur une vieille machine à écrire, prêtée par l’un de mes élèves de CM2. Il était même venu parler à ces écoliers de dix/onze ans, en leur expliquant pourquoi il vivait heureux, pourquoi il écrivait...Driss était mon frère d’encre, il reste vivant et debout ! Qu’il repose en paix près de son père à Casablanca. Yann Venner
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Portrait de Driss Chraïbi
4 avril 2007 20:28,
par chantal ( 2 chroniques )
Merci pour votre témoignage, je vous ai suivi via la république des lettres. Heureuse de découvrir cet auteur qui ne machouille pas ses mots, et semble bourré d’humour et de lucidité. Paix aux siens.
L 'Homme qui venait du passé
Provocateur volontiers iconoclaste, Driss Chraïbi est depuis un demi siècle un pilier fondateur de la littérature marocaine contemporaine.
Au coeur de ses quelque vingt romans et essais figure un personnage original, roublard et désinvolte: l'inspecteur Ali, sorte de Columbo mâtiné de Nestor Burma qui aurait lu Chester Himes et qui aurait, sans doute, beaucoup emprunté à son géniteur littéraire. Un enquêteur facétieux et insolent qui n'hésite pas à connaître les plus viles fréquentations et ne semble pas obnubilé par la signification du mot scrupule.
-Après L'inspecteur Ali à Trinity College puis L'Inspecteur Ali et la Cia, ce dernier roman, L 'homme qui venait du passé, fait évoluer le protagoniste dans les sphères mafieuses, politiques et terroristes...
Un roman drôle et cocasse qui voit l'inspecteur Ali chargé par un important personnage de la hiérarchie politique marocaine d'une étrange affaire de cadavre découvert au fond d'un puits. Blasé, revenu de toutes les enquêtes, de tous les crimes et de toutes les autopsies, de toutes les fragilités humaines et de toutes ses dérives, l'Inspecteur Ali va très vite découvrir l'identité pour le moins encombrante du cadavre puisqu'il s'agit de celui de Ben Laden.
Dès lors, naviguant avec aisance entre les mafieux de toutes les obédiences, les taupes et autres agents secrets internationaux, les tenants de la finance internationale et leurs succursales helvètes, recourant à son réseau très personnel de renseignements, des ryads marocains à la salle des coffres d'une banque suisse, en passant par les "zones tribales" de l' Afghanistan, l'inspecteur Ali va promener sa nonchalance futée, tourner et retourner en ridicule ses divers interlocuteurs.
Sous des dehors de pochade burlesque et sans complexe, ce roman est aussi l'occasion pour l'écrivain marocain d'une nouvelle dénonciation de l'incapacité et de la cupidité des dirigeants, de la volonté hégémonique des États-Unis, de l'ignorance dans laquelle sont soigneusement maintenus les peuples.
Vaste et vieux programme, mais Driss Chraïbi choisit ici l'arme de la dérision qui se révèle, pour le moins, aussi efficace que tous les discours entendus ça et là, dans bien des langues et sous toutes les latitudes.
YANN VENNER
L 'Homme qui venait du passé,
Denoël, 2004, 200 p., 15
Yann Venner dédicacera sa trilogie bretonne et policière à SAINT BRIEUC, le samedi 11 octobre ; le matin chez AGORA, maison de la Presse & l'après-midi au magasin CARREFOUR Langueux
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